dimanche 27 août 2017

Une grand-mère redoutable!

Un extrait du roman

"Une grand-mère redoutable"

À paraitre dans les jours qui viennent!

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Nous sommes arrivés au village natal de Fati en fin d’après— midi.Il faisait chaud, rues et maisons de pisé se confondaient dans un ocre poussiéreux. Quelques vieilles voitures stationnaient dans les rues non— goudronnées et quelques hommes étaient attablés dans ce qui semblait être le café local, palabrant autour de deux joueurs de dames.Notre arrivée mit un terme à cette activité et, sans nous adresser la parole, tous se mirent à nous regarder.Un groupe d’enfants, sortis d’on ne sait où, se forma, nous suivant à distance.Je roulai lentement sur le chemin caillouteux en suivant les indications de Fati. Nous nous arrêtâmes face à une maison semblable aux autres, à l’exception d’une très belle porte en bois ouvragé surmontée d’un linteau de bois peint.L’ensemble était original, pas franchement beau, mais donnait à la façade de la maison  un aspect particulier. A n’en pas douter, connaissant le personnage, c’était la maison de Dada.
C’est ce que me confirma Fati en la montrant du doigt :
— Voilà, nous sommes arrivés.C’est la maison de ma grand— mère.
— On ne risque pas de la confondre avec une autre…même sans adresse, je l'aurais trouvée, ajoutais— je ironiquement.
— Tu connais ma grand— mère.Il ne faut jamais qu’elle fasse comme les autres. Elle— même dit que ce n’est peut— être pas très beau mais au moins, c’est différent des autres maisons  et cela a son charme, tu ne trouves pas?
Fati sortit une grosse clé de son sac de voyage et l’introduisit dans la serrure qui, avec un grincement chuintant, s’ouvrit. Elle poussa la lourde porte.Il fallut un certain temps pour que mes yeux s’habituent à l’obscurité. C’était la première fois que je pénétrais dans une maison berbère traditionnelle.Elle était fermée depuis plusieurs mois et  sentait le renfermé et la terre mouillée. Fati s’avança et ouvrit une deuxième porte fermée par un loquet qui donnait accès à une petite cour intérieure. Une minuscule vasque sans eau était plantée au centre. Avec son revêtement de céramique colorée, elle paraissait incongrue dans cette atmosphère couleur terre tout en donnant une touche de couleur qui en adoucissait l’austérité.
— Attends de la voir fonctionner. Mon père a installé un système d’eau courante pour la maison qui fonctionne à partir d’un puits. C’est un peu compliqué à faire démarrer mais j’en connais le fonctionnement. C’est un vrai enchantement d’entendre et de voir l’eau couler. L'eau est une denrée rare et précieuse ici. C'est donc un circuit fermé où l'eau est réutilisée sans perte ou très peu.
Elle s’appliqua à ouvrir et aérer toutes les pièces qui, pour la plupart, ne possédaient pas de fenêtres mais simplement des portes qui ouvraient sur la cour centrale. Je retournais chercher nos bagages dans la voiture et vis qu’un véritable rassemblement s’était formé devant la maison, les villageois paraissaient attendre une explication à notre présence. J’en avertis Fati car je dois avouer que je n’étais pas très rassuré. Non pas que les hommes et les enfants(car il n’y avait pas de femmes) aient une attitude hostile, mais leurs regards curieux n’étaient pas  non plus particulièrement bienveillants.
Elle sortit en souriant, les salua en arabe et continua à leur parler assez longtemps. Je vis peu à peu les visages se détendre, certains sourires s’esquisser.Les enfants se rapprochèrent, l’un d’eux me prit par la main en la secouant très fort et me dit :
— Bonjour,Monsieur.
Ils nous aidèrent à entrer nos bagages et l’un des hommes revint avec un plateau sur lequel étaient disposées un théière noircie par le temps et le feu et quelques verres à thé à la propreté un peu douteuse. Tout en souriant, Fati me dit :
— Accepte! L’eau est bouillie…

Nous partageâmes ce thé d’accueil et Fati continua à leur parler et à répondre à leurs questions. Je ne comprenais pas grand— chose et reconnaissais seulement quelques mots tels Abdellatif,  Souad, Francia, Dada. Je supposais qu’ils demandaient des nouvelles de sa famille. Les laissant discuter, je regardais autour de moi: des maisons en terre, des pistes poussiéreuses et au loin, la montagne. En bruits de fond,  le bêlement des moutons, le braiement des ânes, le caquètement des poules. Peu de bruits humains parvenaient du village. Je n’avais pas encore vu de femmes quand je vis passer, sans qu’elle ne s’arrête, une vieille femme chargée de fagots de bois. Elle tourna à peine la tête pour nous regarder, sans ralentir et pénétra dans une maison un peu plus loin.Une odeur de foin et de bois brûlé se mêlait au parfum de menthe qui se dégageait du plateau et aux effluves lourdes d’un magnifique chèvrefeuille qui recouvrait en partie la façade de la maison.



mardi 15 août 2017

Une nouvelle "ENFIN"

Je vous livre une petite nouvelle écrite dans le cadre d'un concours de nouvelles.
Elle n'a pas été retenue. 
Mais peu importe, je l'aime bien et la dédie à tous ceux qui, de près ou de loin, peuvent se sentir concernés.
C'est aussi un appel à la tolérance, la gentillesse, l'amour et la compassion. On est tous différents.


Partagez si cela vous a émus!

ENFIN !!!

Elle est contente! Enfin...il était temps que ça s'arrête. Finalement, c'est dans cette prison aux yeux des autres, qu'elle est enfin libre.
Aussi loin qu'elle remonte dans ses souvenirs, elle s'est toujours sentie piégée, ligotée dans cette apparence sociale que les autres lui donnent.
Elle se rappelle la lumière de sa naissance et le cri de la sage-femme: — Bonjour, petit bonhomme!
Elle a eu déjà envie de hurler:
— Mais, non, tu te trompes!

Mais personne ne l'a entendue. On l'a cajolée, aimée, dorlotée. Elle ne peut pas se plaindre d'une enfance malheureuse, sauf que...
Ses parents l'ont appelée José, qui est très vite devenu Jo, un prénom qui lui convient, en hommage à un grand oncle espagnol parti faire fortune aux Amériques. Il y est devenu un danseur de tango célèbre dont sa mère parle avec fierté. C'est grâce à lui, qui suscite aussi dans la famille certains chuchotements ("Pas devant les enfants", dit sa mère), que Jo a obtenu de s'inscrire au cours de danse. Danse rythmique, danse classique, danse contemporaine, Jo les aime toutes et les pratique avec beaucoup de talent, au point de songer à devenir professionnelle, au grand dam de ses parents, de son père surtout.
— Non, Jo, ce n'est pas sérieux. Comme tous dans la famille, tu feras une école d'ingénieur. Tu pourras continuer à danser...les week-end.
Et Jo a dit oui! Jo est sage et obéissante. Bonne élève, rêveuse, solitaire, mais toujours souriante, toujours prête à aider sa mère à cuisiner, la vieille dame à traverser la route, le chien à se promener. L'enfant idéal dont tous les parents rêvent!
Des rêves, Jo en a toujours eu. Jo se voit en exploratrice de tribus inconnues en Amazonie, en astronaute marchant sur Mars (sur la Lune, c'est déjà fait), en agent secret dans le genre Jo Bond 008, en star entourée d'une haie d'admirateurs et foulant le tapis rouge du festival de Cannes, en auteure à succès dédicaçant ses livres dans la plus grande librairie des Champs Élysées! Elle imagine tout ça... Mais elle continue à être le petit Jo dont les camarades de classe se moquent, à qui les cousins font des farces cruelles, que sa mère s'obstine à habiller de chemises blanches et de pantalons gris, alors que Jo rêve de soieries et de taffetas, de couleurs acidulées, de bijoux et de parfums. Mais tout cela reste un secret, enfoui au plus profond, comme une plaie abjecte et douloureuse qu'il faut cacher aux autres, tout en continuant à sourire, à faire semblant.
Son entrée en école d'ingénieurs lui revient en mémoire, les journées d'intégration dont son père prétend garder un si bon souvenir. Il est bien le seul!
Un vrai martyr. Trois jours à subir les caprices des anciens, les jeux les plus vils, les plus ignobles. Courir nue sous la pluie, se jeter dans une mare infecte, avaler une infâme piquette au goût de vinaigre, et faire semblant de rire, d'apprécier ces grossièretés, cette promiscuité. Et puis ce regard, ces yeux verts dans lequel Jo puise le courage de serrer les dents, de continuer, ce petit sourire qui lui parait plein de douceur, comme une caresse sur un corps épuisé. Jo continue et subit ces journées d'initiation dont les médias disent qu'elles sont bon enfant et nécessaires à l'intégration. Jo sourit quand son père lui dit que finalement ce n'est pas si dur, Jo ne répond pas à sa mère inquiète de découvrir les hématomes qui couvrent son corps.
Jo intègre l'école et retrouve avec un petit frisson les yeux verts qui l'ont tellement aidée, ce regard qui se pose sur elle dans la cour, à la cantine, qui s'accompagne souvent d'un petit sourire, toujours aussi doux.
Jo est à la bibliothèque quand elle sent une main lui effleurer l'épaule.
— Je peux m'asseoir, dit "Yeux Verts".
— Bien sûr, répond Jo, cachant sa joie derrière une banalité regrettée aussitôt prononcée. C'est à tout le monde!
Mais quelle grosse bête elle fait! Alors qu'elle imagine une réponse intelligente, avenante, comme "Avec grand plaisir! Tout le bonheur est pour moi! Je vous en prie".
Non, il faut qu'elle sorte une absurdité... Yeux Verts s'assoit avec délicatesse et regarde nonchalamment le livre ouvert devant Jo.
— Un livre de contes et légendes! Étonnant et...ravissant.
Jo le regarde. Elle a bien entendu "Ravissant"!
— Contes et légendes des Loups. J'adore les loups.
— Moi aussi. Ce sont des animaux fabuleux dont on dit beaucoup de mal de façon très

injuste.
— C'est exactement ce que je pense. Ils ne sont pas dangereux, moins que certains humains,

ajoute Jo en baissant le ton.
— On a bien des points communs. Tu n'as pas trop souffert les premiers jours à l'école? On

peut se tutoyer, tu permets?
Si Jo permet? Elle n'osait pas le demander!!
— Bien sûr! Tu es en dernière année?
— Oui! Je suis bien content de finir cette année.
— J'en ai encore pour quatre ans. C'est long!
— Tu verras, cela passera vite, entre les stages, les cours, les sorties. Il paraît que tu es très

doué?
Douée, Jo? C'est ce qui se dit donc! Sa mention au bac, son jeune âge, son apparente

fragilité, sa rapidité de compréhension, sa discrétion, sa disponibilité à aider les autres, sans doute. — — Pas plus que les autres!
Yeux Verts sourit de son sourire charmeur, lui donne une tape sur l'épaule.
 — Et modeste en plus.
Il regarde Jo longuement.
— Ça te dit un ciné ce soir?

Jo est aux anges. Une invitation comme ça, inattendue, espérée et redoutée peut-être! Prendre l'air presque indifférent!
— Pourquoi pas?
— À huit heures devant l'école. Ok? Je me sauve, j'ai du boulot. A ce soir, Jo!
Une petite tape affectueuse sur la joue, accompagnée d'un discret baiser soufflé, et Yeux

Verts disparait.
Il connait son nom. Mais au fait, quel film? Peu importe! Jo ne sera pas seule ce soir, Jo va

au cinéma avec Yeux Verts!
Jo se prépare soigneusement, nerveusement. Abandonnés les chemises blanches et les

pantalons gris. Un jean blanc, un tee-shirt jaune, ses cheveux attachés en un souple catogan, des mocassins aux pieds, un peu d'eau de toilette. Jo regarde son reflet dans le miroir. Impeccable!
Jo parcourt le chemin qui la sépare de l'école en se disant que se rejoindre devant le cinéma aurait été plus simple. Bah, elle le dirait à Yeux Verts pour la prochaine fois. Au fait, comment s'appelle-t- il? Il faut qu'elle le lui demande. Jo arrive devant le porche de l'école, certainement en avance, puisqu'il n'y a personne. Ce n'est même pas éclairé. Bizarre! Jo attend, patiemment, regarde sa montre, fait les cent pas, attend encore. Yeux Verts lui aurait-il posé un lapin? Non, il est simplement en retard, un empêchement de dernière minute...quand, brutalement, l'entrée de l'école s'illumine de nombreux spots, en même temps qu'une horde d'individus vêtus de peaux de loup 
déferlent vers lui, accompagnés de filles déguisées en Petits Chaperons Rouges. Ils se mettent à danser et hurler autour de lui tandis que Yeux Verts tout de noir vêtu s'avance, un stick à la main.
— Alors ma grande, toujours envie d'aller se faire une toile?
Jo les regarde, tous, des larmes de peur, de rage, d'amour plein les yeux! Et Jo frappe, frappe, à l'aveuglette, comme ça tombe. Toute sa colère contenue pendant des années, toutes ces réflexions, ces sous-entendus, ces insultes, toutes ces méchancetés, tout explose. Jo a grandi dans sa tête et dans son corps. Jo est forte maintenant, ses années de danse ont forgé une athlète. Pour la première fois, Jo se défend, attaque, réplique. Ses assaillants surpris commencent par en rire, puis reculent jusqu'à ce que la police, avertie par des riverains, ne débarque bruyamment. Deux jeunes policiers sortent de leur véhicule.
— Que se passe-t-il? Mademoiselle, ces jeunes gens vous importunent?
Le policier regarde Jo et ajoute:
— Je vous comprends! Allez, on vous embarque...à l'abri! Quant à vous, dispersez-vous,

ajoute-t-il en s'adressant aux élèves ridicules dans leurs déguisements.
— Venez, mademoiselle. On va vous soigner.
Joe sourit. Finis les errances, les faux-semblants. Pour la première fois, on la considère

comme ce qu'elle est, Jo, une jeune fille, athlétique, bien sous tout rapport, libérée de sa carapace, menant sa vie comme elle l'entend, osant affirmer sa féminité. Ceux qui l'aiment continueront à l'aimer pour ce qu'elle est enfin devenue. L'école aura enregistré un Jo à son inscription et remettra son diplôme à une Jo. Une simple question administrative! Finalement, ils l'ont bien choisi, ce prénom, ses parents!. 





jeudi 10 août 2017

UN ÉTÉ CRIMINEL

Une très bonne critique de ce polar tendre qui doit vous donner envie de plonger cet été dans

"Un été criminel"

À télécharger ou en livre broché,

sur tous les sites d'Amazon.

Bonne lecture!!!

   
Julien Melville
10 août, 09:56
 
Gabrielle a des envies de voyage. Jeune retraitée de l’Education nationale, elle a des rêves d’horizons lointains mais ses finances ne lui permettent pas de les réaliser. Un beau matin, elle feuillette nonchalamment un journal local et ses yeux sont attirés par une annonce : « Nous recherchons une personne habituée aux enfants et aimant la campagne pour s’occuper de nos deux enfants durant deux mois d’été. Logement, nourriture et frais de déplacement. Vivons à l’étranger et désirons passer l’été en France dans demeure familiale…… » Il n’en faut pas plus à Gabrielle pour décider d’y répondre.

UN ETE CRIMINEL de Dominique VIETTI- LETOILLE
http://www.culture-chronique.com/chronique.htm?chroniqueid=2031

https://www.amazon.fr/UN-%C3%89T%C3%89-CRIMINEL-Dominique-VIETTI-LETOILLE-ebook/dp/B012P8CJZ8/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1502364132&sr=8-1&keywords=un+ete+criminel