vendredi 3 août 2012

VACANCES D'ENFANT OU RÊVES DE VACANCES




LA CROISIÈRE


Ce soir,je n’ai pas envie d’une longue histoire pour aller au lit.Maman passera bien sûr pour raconter son histoire.Pour une fois,j’espère qu’elle sera courte.Je l’écouterai pour lui faire plaisir.Je suis sûre qu’elle aura imaginé(car elle les invente, ses histoires)un récit court,car elle aussi,elle doit préparer les vacances,et pas n’importe lesquelles:on part en croisière.
            Oh,ce ne sont pas mes premières vacances.J’ai huit ans et des vacances,j’en ai connu, chez mes grands-parents,à la campagne,à la mer.On a même pris l’avion pour aller en Tunisie. J’avais six ans et je m’en souviens.Mais cette année,c’est différent.On part en croisière,sur un grand bateau,m’a dit papa,avec des piscines,des toboggans,des jeux,une vraie cabine avec un hublot qui donne sur l’eau,des chaises longues des salons,des salles à manger immenses où on pourra un soir partager la table et le repas du commandant.
            On n’a pas gagné au loto.Papa, qui travaille pour une société d’assurances, a tellement bien travaillé cette année,qu’on lui a offert cette croisière,«en mer Egée»,m’ont précisé mes parents,là où il y a plein d’îles,de villes à visiter.Dès qu’ils ont su que nous allions participer à une croisière,mes parents m’ont inscrit à un cours de natation à la piscine.C’était la condition absolue pour que je parte avec eux:je devais nager«comme un poisson dans l’eau»,disait mon grand-père,pour qui un bateau,sur l’eau et à l’étranger, était source de tous les dangers.
            Je peux vous dire que j’y ai mis toute mon énergie,plus que pour le cours de maths que je subis tous les mardi soir.La piscine,j’y allais deux fois par semaine.L’eau,les plongeons,le crawl,la brasse n’ont plus de secrets pour moi.Le maître-nageur était étonné,même qu’il a dit à maman qui a tourné la tête sans répondre:
            -Vous l’avez fait dans l’eau?
            J’en ai parlé à tous les copains à l’école.Ils m’enviaient tous,surtout que j’en rajoutais un peu,leur décrivant un paquebot superbe,comme le«Queen Elisabeth II»que j’avais vu à la télévision,ou les grands yachts qu’on nous montre parfois dans Thalassa.Seul Thibaut, qui a toujours tout fait,jouait le blasé.Il avait fait une croisière avec ses parents en Méditerranée.Je lui ai fait avouer qu’ils longeaient les côtes,s’arrêtaient souvent pour visiter et que c’était plein de vieux d’au moins 30 ans.D’accord,un peu comme mes parents,mais ils font plus jeunes,tout le monde le dit.Je ne lui ai surtout pas avoué que c’était le bureau de papa qui nous offrait cette croisière,non pas parce que j’avais honte.J’étais même fier que papa ait été désigné comme un des meilleurs de l’entreprise(je sais qu’ils étaient cinq à partir).Mais je connais Thibaut,il aurait fait une réflexion désagréable dans le genre:
            -Ah, mais c’est une promo!comme avec certains paquets de lessives.
            Ça,je ne l’aurais pas supporté et on se serait encore battu.C’est déjà arrivé et,comme il est allé raconter en pleurnichant à la maîtresse que je l’avais sauvagement agressé,j’ai été privé de recréations pendant quinze jours et,Maman ayant été prévenue,elle y a ajouté la copie des tables de multiplication.
            Donc,la croisière dans les îles,ce sont nos vacances et ça époustoufle tout le monde,même ma cousine de onze ans qui aurait bien voulu venir.Mais c’était impossible,seuls le gagnant et sa famille proche pouvaient y participer.D’accord,Bérénice habite la même rue,mais ce n’est pas la famille proche dans le sens où le bureau l’entend.Sinon,des volontaires,il y en aurait eu plein le bateau. Nous partons,Papa,Maman et moi,et comme dit Maman:
            -Quinze jours tranquilles,ça va nous faire du bien,surtout que tout est payé!
            Ça,c’est plutôt une bonne nouvelle.Plus besoin de pleurer pour avoir un coca-cola,une glace ou un gâteau,plus besoin de regarder le prix des desserts(ce sont toujours les plus chers,les meilleurs).Je pourrai aller à la piscine sans payer,jouer au foot.D’ailleurs, je crois que je ne vais pas prendre d’argent de poche.Peut-être pour quelques souvenirs pour mon grand copain Paul et aussi pour leur prouver que j’ai bien voyagé dans les îles.J’achèterai un truc«Souvenir de ».Je sais que papy me dit que tout ça vient de Chine,mais ce n’est pas grave.Les Chinois,en fonction des îles où ils envoient leurs marchandises,ils écrivent leurs noms D’ailleurs,comme je dis à Papy,
            -Ta télé,elle a peut-être une marque française,mais elle est faite en Chine comme la casserole de la cuisine ou la robe de Mamy!
            Il grommelle,en hochant la tête,quelque chose comme:
            -Dutronc avait raison.
            Je ne comprends pas bien,mais il sait comme moi que j’ai raison.
            Revenons à mes vacances et à ma croisière.J’ai préparé ma valise,enfin,Maman m’a aidé.Je ne sais pas pourquoi elle a tenu à y mettre un pantalon blanc,du genre qui se salit juste en le regardant,une chemisette bleu ciel et des mocassins bleu marine neufs,type«bateau».
            -C’est pour le repas avec le commandant.
            -Pas tous les soirs?
            -Non,au moins une fois,peut-être deux.
            -Les autres soirs,on peut manger normalement?
            -Oui, mais tu dois être un minimum élégant.
            Moi,élégant?Elle plaisante.
            -N’exagère pas,lui dit papa.Ce sont les vacances.Un peu de décontraction!Moi qui suis en costume-cravate-chemise toute l’année,j’ai bien l’intention de décompresser.
            J’ai profité de leur discussion pour rajouter au fond de ma valise,sous le pantalon blanc, deux bermudas,trois shorts,deux tee-shirts«Dissidence»,mon club de trottinettes préféré,mes tongs et un vieux maillot.J’ai recouvert le tout avec les habits d’apparat,ma serviette de plage délavée et mon doudou,un vieux nounours brun devenu chauve par endroits,à la patte recousue et à l’oreille en pointe,ce qui n’est pas logique pour un ours.Mais c’est le jour où Charlie,notre chien,a décidé que c’était aussi son doudou et l’a enterré dans un coin du jardin.Je n’ai pas dormi pendant deux nuits avant de le retrouver et je n’ai plus parlé à Charlie pendant une semaine.Puis on est redevenus copains,surtout qu’il est sympa pour manger le gras du jambon que je n’aime pas ou le steak que je n’ai pas envie de finir.Il mange tout,même qu’il a parfois tendance à se servir.D’ailleurs,Charlie,pour la croisière,a été un problème.On l’emmène partout.Je voyais le moment où on renonçait « aux îles » pour lui. Finalement,Bérénice et ses parents se sont proposé pour le garder«à condition qu’il ne fasse pas de bêtises».Ça,ils verront.Nous serons déjà sur le bateau dans les îles.Après tout,on a gardé leur tortue.C’était pour les sports d’hiver et elle hibernait,mais il fallait tout de même vérifier qu’elle ne s’était pas trompée de saison comme cela lui était arrivé une fois,elle était sortie en plein mois de janvier.Cette année-là, pas de problème.
            Donc,Charlie déménagera pour 15 jours quelques maisons plus loin.À mon avis,ils vont souvent venir le chercher dans notre jardin,une chance encore s’il n’a pas la tortue dans la gueule.
            Maman entre dans ma chambre:
            -En forme,Cédric? Il faut que tu dormes bien cette nuit.Demain matin, nous prendrons le train jusqu’à Nice où nous attend notre bateau.Nous embarquerons le soir même et on commencera la navigation de nuit.Tu n’as pas peur, j’espère?La mer,la nuit,c’est impressionnant.
            Maman,n’est-ce pas plutôt toi qui appréhendes ce premier contact?Moi,j’ai la tête pleine de bleu,d’îles,de corsaires,de vagues.Une tempête pour raconter aux copains?Ou un petit naufrage? On deviendrait des Robinsons,juste pour quelques jours,on nous retrouverait vite car je n’ai pas envie de vivre sans mes copains,ma maison,mon papy,ma mamy,mon Charlie.Peut-être même que Bérénice et Thibaut me manqueraient !Juste une petite aventure qui n’effraierait pas trop Maman,car je n’aime pas quand elle a peur!Elle risque de pleurer et je ne le supporte pas.
            Elle est tellement bouleversée que je me demande si elle ne va pas oublier l’histoire.Elle n’a pas oublié,mais c’est une histoire vite fait de petit garçon qui piquait des pots de confitures qu’il remplissait d’eau,qui s’est fait attraper et qui,après une punition qui consistait à copier les tables de multiplication,(Maman n’est pas originale,ce soir)promit de ne pas recommencer.Je crois d’ailleurs qu’elle m’a déjà raconté cette histoire.Ce n’est pas grave.J’ai envie de fermer les yeux et de partir en croisière.
Le bateau s’éloigne du quai,toutes voiles dehors.Accoudés au bastingage,Papa, Maman et moi regardons la terre s’éloigner.Des mouettes nous accompagnent de leurs piaillements et de leurs grandes ailes blanches.Des mouettes rieuses de Gaston Lagaffe ou des pélicans?
            -Tu vois,me dit un marin,on ne les reverra plus jusqu’à ce qu’on touche terre.
            -Jusqu’à la prochaine île?
            Il me regarde bizarrement.
            -Si tu veux, mon garçon!
            Il est drôlement habillé,ce marin,pas très propre,pieds nus,un vieux pantalon déchiré,un pull troué,un bandana sur la tête.Il a un grand couteau coincé dans son ceinturon.Peut-être pour couper les gros cordages qu’il tire sans gants,pour les enrouler autour de gros cylindres de bois.C’est une reconstitution,ce bateau!Et Maman qui m’a fait prendre de beaux habits.Il ne mangera pas à la table du capitaine,ce marin,ni les autres,car ils sont tous semblables.
            Je demande à mes parents si je peux visiter et me dépêche de m’éloigner avant qu’ils ne réfléchissent trop.Maman hésite et interroge papa:
-Tu crois qu’il n’y a pas de risque?
-Mais non,il sait nager.C’est l’aventure,pour une vie nouvelle.
            Je pars en courant sur le pont en bois que des marins frottent avec plus ou moins d’énergie.Avec étonnement, j’en vois un qui doit être à peine un peu plus âgé que moi.Je le regarde travailler et lui demande:
            -Qu’est-ce que tu fais?
            Il me dévisage comme un demeuré et répond :
            -Tu vois bien,je nettoie le pont.
            -Et tes parents?
            -Ils sont restés au village.C’est ma première traversée comme mousse Comme mon père et mes frères l’ont fait.Tu fais partie des passagers ?
            J’ignorais qu’il y avait des mousses aussi jeunes.
            -Oui,nous sommes en croisière.
            -En quoi ?
            -En croisière,vers les îles.
            - Vers les îles?Ben,on n’est pas encore arrivé!
            -La croisière ne dure que quinze jours.
            -Quinze jours?À moins d’un sérieux coup de vent et que cette vieille coque tienne le choc.Ça m’étonnerait qu’on mette quinze jours.
            Je ne comprends pas grand-chose à ce qu’il me raconte,mais si les vacances doivent durer plus de deux semaines,tant mieux.Je ne vais pas en parler à papa et maman car ils s’inquiéteraient.Ils ont prévu de passer une semaine chez papy et mamy et veulent faire quelques travaux dans la maison.
            -Je peux visiter?
            -En tant que passager qui a payé,tu peux te promener.Fais attention à ne pas te prendre les pieds dans un cordage ou tomber dans la cale.Si le commandant veut bien,dès que j’ai fini, je te rejoins.Je te ferai connaître des trucs que tu n’as jamais dû voir.
            Je le trouve un peu fanfaron.Il vient de me dire que c’est son premier voyage.
            Je passe la matinée à visiter ce qui me paraît plus un vieux rafiot qu’un bateau de croisière.Ils n’ont pas dû payer trop cher,au bureau de papa.Un peu plus, on devrait nettoyer! Une cloche annonce l’heure du repas.Je me précipite, manque m’étaler et me retrouve dans une salle qui sent le vieux bois avec,dans mon assiette,de la soupe épaisse,accompagnée d’une miche de pain.En cherchant bien,il y a un morceau de viande perdue au fond de l’assiette.Je regarde mes parents,ils mangent tranquillement en discutant avec le commandant dont le costume ressemble à ceux des aventures de Jules Verne.Dans quelle galère s’est-on mis?J’ai eu beau chercher,ni piscine,ni minigolf, ni distribution de glace et gâteau        Et Maman qui ne dit rien, qui minaude presque avec le second et qui ne réagit même pas quand un marin surgit en criant :
            -La vigie signale Corsaires à tribord!
            Sans se précipiter,le commandant sort de table et revient un moment après en disant:
            -Pas de risque!Je les connais,c’est mon frère qui les dirige.Ils nous laisseront passer.
            En effet,un coup de canon de chaque navire,on se salue et on passe.
            Le repas terminé,sans dessert, je cherche un coin d’ombre et m’installe comme je peux dans un cordage inconfortable où je finis par m’endormir,accablé de fatigue et sans même chercher à comprendre les évènements étranges autour de moi.
            Une main me secoue doucement,tandis que la voix de maman m’appelle:
-Cédric,Cédric,tu n’as pas entendu le réveil.Lève-toi.Notre train part dans un peu moins de deux heures.C’est Marc, le père de Bérénice qui nous accompagne.Allez, dépêche-toi.
            Je m’assois dans mon lit, me frotte les yeux, regarde autour de moi Je suis bien dans ma chambre,Je fixe mon oreiller:
            -Quelle croisière a-t-on fait tous les deux!
            Dans le train qui nous mène à Nice,je somnole,laissant mes parents discuter de leurs futures vacances.En sortant du taxi qui nous mène de la gare au port,je me retrouve face à plusieurs énormes paquebots blanc rutilant,entourés d’une foule de gens.Les plus chanceux en regardent les noms et,face au« Rêves de vacances»,papa s’écrie:
            -C’est le nôtre!
            Nous franchissons la passerelle et,menés par une hôtesse souriante,nous dirigeons en empruntant de longs couloirs moquettés, vers notre cabine.
            -Comme je l’imaginais,s’écrie Maman, aux anges.Nous allons passer des vacances merveilleuses, n’est-ce pas Cédric?
-Oui,Maman, et je pense à mon petit mousse, à mon pont de bois, à mes pirates frères.J’ai rajouté dans ma valise le pistolet et l’épée de mon habit de corsaire et«Le guide de la survie dans la jungle».On ne sait jamais !



           

dimanche 24 juin 2012

LE PLAISIR DE LIRE UNE BONNE CRITIQUE

Un peu de douceur dans un monde de brutes!!!!

Je n'oserais aller jusque là ...encore qu'une expérience récente me donne envie d'écrire quelques lignes sur la naïveté et la crédulité, les miennes en particulier....En fait, il n'y a pas de mauvaises expériences, il y a juste des expériences enrichissantes.

Le sujet du jour est juste une critique des "Agents littéraires" qui m'a fait plaisir et rendu un sourire que j'avais oublié ces derniers temps...Je sais, comme quoi, il faut peu de chose...Mais la vie est faite de ces petits riens qui s'additionnent.

Mon livre "L'homme perdu" semble avoir plu à un critique et je vous livre son compte rendu sur le lien suivant:

http://www.les-agents-litteraires.fr/lhomme-perdu-de-dominique-vietti-letoile

Le livre, pour les lecteurs lointains, en plus d'Amazon.fr et quelques autres sites, est aussi disponible en PDF sur le site de l'éditeur : www.edilivre.com .

En espérant de nouveaux lecteurs!

mardi 22 mai 2012

samedi 12 mai 2012

Voici un petit montage amateur de mes deux derniers ouvrages, le 3ème est en préparation....Écrire, c'est, pour moi, d'abord me faire plaisir et , quand on peut partager ce plaisir avec d'autres... c'est encore mieux!

Ces ouvrages peuvent être commandés chez un libraire, sur Amazon.fr, Alapage.com.... ou directement chez l'éditeur:

-"L'homme perdu" éditions Edilivre

-"Destins croisés" éditions Terriciae (à paraître le 1er juin)

Je tiens à remercier ceux qui ont accepté d'acheter et de lire le premier ouvrage paru et à qui je fais une demande amicale et sincère. J'aimerais avoir vos avis, même critiques, surtout critiques!...
Ce premier livre est passé à la critique d'un forum de lecture et a obtenu la notation 3/5 avec comme appréciation "Bien". Je me suis dit "Il y a pire". Le reproche venait de la 4ème de couverture essentiellement qui présentait mal l'histoire....J'apprends peu à peu!
La nouvelle des "Roses d'Haïti" parue sur le blog a été sélectionnée parmi les 25 premières lors d'un concours de nouvelles organisé par Skyprod.
Je remercie ceux qui feuillètent mon blog et mes livres.
Dans l'attente de vos commentaires...
Amicalement depuis les Caraïbes.

jeudi 12 avril 2012

Bonne nouvelle...Sur Amazon.fr, proposition de:
"L'homme perdu"



"Destins croisés", parution le 1er juin, à réserver
sous la rubrique recherche VIETTI-LETOILLE Dominique

Laissez-vous tenter!

samedi 11 février 2012


Dominique VIETTI-LETOILLE
RIO SAN JUAN
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
www.edilivre.com-"L'homme perdu"




            BASSES PRESSIONS, DÉPRESSIONS  !!!



    La lycéenne que j'étais ( oh, il y a longtemps!!!) et l'étudiante en histoire-géographie ensuite, avait une réaction, face au mot dépression, bien différente que celle de la femme d'un certain âge(sinon d'un âge certain) que je suis devenue...Le temps passe et tout change.

    Une dépression, c'était, auparavant,  pour moi, un ensemble de basses pressions, inférieures à 1015 millibars (ou hectopascal, nous précisaient les professeurs attachés à la pureté du langage qu'ils voulaient nous voir employer). De "jolies" cartes nous indiquaient par une belle ligne rouge aux courbes voluptueuses, la frontière entre les basses pressions et les hautes pressions.

    Pour faire simple et surtout, pour nous, les veilles de week-end ou de sorties, basses pressions signifiaient mauvais temps, pluies, parfois vent, en France comme au Maroc où j'ai longtemps vécu. Bref, pas la joie !!!

    A présent, une dépression, c'est différent, mais ce n'est guère mieux pour moi.
    Il existe toujours certes le phénomène météorologique qui, ici, peut se transformer en cyclones, ouragans et pires cataclysmes.

    Je vais certainement paraître à beaucoup comme une égocentrique, incapable d'apprécier ma chance, ma vie tranquille... bref ,comme on me l'a déjà dit,
"une bourgeoise qui s'ennuie et qui s'occupe en regardant son nombril et en se lamentant."
    Faux, et je répète fermement "Non, archi-faux". Beaucoup parlent sans ne rien connaître et, pire encore, en croyant savoir!
     Je connais ma chance. J'essaie de m'intéresser aux autres, autant que possible, sans me prendre pour Soeur Emmanuelle ou Mère Thérésa. Je suis encore capable d'objectivité et d'humilité!  J'ai envie de répondre à ceux qui m'adressent ces reproches qu'ils feraient bien de commencer par analyser leur propre attitude...Mais, là n'est pas le propos.

    Je voudrais juste essayer de faire comprendre que la dépression, tout comme les basses pressions, est quelque chose de réel. Cela ne se voit pas comme une jambe cassée, ne se ressent pas comme une migraine( je connais, j'en ai !). Cela n'est souvent pas considéré par beaucoup comme une vraie maladie, vous savez, juste les humeurs (hormonales, peut-être?) de ces dames, la plupart du temps. Ces mêmes tartuffes savent -ils que la "Mélancolie" est une maladie extrêmement grave qui mène souvent au suicide? (cas connu de cet ambassadeur de France en Italie parti sans raison apparente dans les rues de Rome où il s'est donné la mort).


     Avez-vous eu déjà un enfant un peu malade, patraque, sans qu'on sache exactement ce qu'il a? La réponse, en général, est une des suivantes : un virus, une allergie, le stress.

    Pour une femme, c'est en général "psychosomatique et normal parce que les femmes actuelles sont toutes stressées avec la vie qu'elles mènent"(ça, c'est vrai...Enfin, une reconnaissance sociale!! )
    A partir de là, un petit tranquillisant( je ne donne pas de nom...), un anti-dépresseur (il y a pléthore et mieux vaut ne pas en lire les éventuelles conséquences...), du yoga (très à la mode), du calme, moins de soucis ( on aimerait bien!) .
    Et le tour est joué. On peut y rajouter quelques séances chez un psy (-chiatre si c'est un peu plus grave et -chologue si ça l'est moins).

    J'en sais quelque chose. J'en ai parcouru le "chemin de croix"!

    J'ai été soignée pendant des années pour stress, accompagné de migraines et d'une immense fatigue (normal, me disait-on, pour un prof  de banlieue parisienne, de surcroît mère de 3 enfants) par ce type de thérapie. Je ne prétends rien, je ne porte pas de jugement, je relate des faits, je ne suis pas médecin. Le psy m'a trouvé quelques "trucs"...On traîne tous des casseroles, le centre anti-migraineux m'a asséné que c'était une "migraine vraie". Merci!( heureusement,il y a maintenant des médicaments anti-migraineux efficaces)

     Et vogue la galère...

    J'ai continué le yoga ( cela faisait très longtemps que je le pratiquais), pris des médicaments (changés de temps en temps parce que ça ne fonctionnait pas bien), fait de la natation, de la marche, du sport, et même des essais de "méditation zen" (là, j'ai eu du mal)... Cela a duré, duré, jusqu'à ce qu'un jour, par hasard, (lors d'une croisière sur le Nil, c'est inattendu...On pense plutôt trouver des temples, des colonnes, des momies et des pyramides..) je  fasse la connaissance d'un médecin libanais qui, après une question que je lui posai sur un résultat d'analyse que je venais d'avoir, a diagnostiqué une "maladie orpheline" liée à l'existence, pour moi, (c'est différent chez d'autres patients) de petites tumeurs sur l'hypophyse, donc dans le cerveau ...

    En effet tout était bien dans la tête!!! Mais pas à l'endroit prévu...

    Je passe sur les hospitalisations, l'opération et tout ce qui accompagne ce type de maladie.
    Comme me l'a dit un charmant médecin expert de l'Education Nationale, avec un tact digne des meilleurs "Vous avez de la chance d'être encore vivante"...De quoi vais-je donc me plaindre? Et la qualité de vie, Monsieur?

    J'ai connu d'excellents médecins à l'hôpital, compétents et humains...Il y en a, heureusement...
    Le professeur  que je qualifierai d'extraordinaire autant par ses diagnostiques et soins médicaux que par ses qualités humaines et qui me suit depuis quelques années m'a avertie avec une délicatesse dont je lui suis reconnaissante (comme pour bien d'autres choses),  que cette maladie provoquait, avant et surtout après l'intervention et les soins, des états dépressifs graves qu'on avait du mal à juguler.

    Et voilà,je mets au moins un nom sur l'origine de mon "état dépressif" qui énerve tant mon entourage.

    J'ai trouvé en Rque Dominicaine des psychiatres, en particulier un neurologue, qui a jugé que la dépression (j'allais dire "ma" dépression, mais loin de moi l'idée de me l'approprier) dont je souffrais était une vraie maladie. J'ai (et il a )beaucoup de mal à trouver le bon rythme de soins et de médicaments.

    Je confirme qu'il y a des conséquences physiques importantes et gênantes dans la vie quotidienne tant pour soi que pour les autres.
    Non, on ne fait pas la tête, non, on ne le fait pas exprès,
    oui, on fait des efforts, oui, on fait tout pour se  prendre en charge et vivre comme les autres, oui, on aimerait pouvoir sourire et rire.
    Assez des... 'y a qu'à  faut qu'on".
    Les malades, car ce sont des malades au même titre que les autres, font ce qu'ils peuvent. C'est une maladie un peu particulière, mais c'est une maladie. On est aidé médicalement (heureusement) mais on a beaucoup de recherches "thérapeutiques" à faire seul.  On devient vite insupportable pour les autres qui ne comprennent pas nos difficultés et mettent en doute notre volonté(bonne ou mauvaise!!!)
    Oui, je le sais, il y a des gens qui meurent de faim, de maladies,qui ont des difficultés de survie. Il y a des gens au chômage, qui peinent dans des bidonvilles( combien de ceux qui critiquent en ont vu?), des enfants qui travaillent dans des conditions infâmes, des femmes qui sont maltraitées. J'en suis consciente. Je ne crois pas pouvoir être accusée d'égoïsme, tant envers les humains que les animaux.On me fait souvent le reproche d'être trop gentille, un peu poire pour ne pas dire plus...Trop bonne.....

    La dépression est une maladie qui fait souffrir,face à laquelle le malade est souvent seul.
    Je ne demande pas qu'on me plaigne, qu'on nous plaigne...Loin de moi cette idée.
    Je demande sinon compréhension et aide, impossibles de la part de beaucoup, simplement qu'on nous prenne un peu au sérieux et qu'on cesse de nous regarder comme le clown triste de service.
    Savez-vous qu'on meurt de la dépression, comme de toutes les autres maladies graves...Une simple constatation....